Phnom Penh - Recensement des sans-abri

Phnom Penh - Recensement des sans-abri

12-01-2006
Cambodge Soir - A huit heures hier matin, les sans-abri de la pagode de Saravorn ont été pris de panique en voyant venir à leur rencontre trois personnes dossiers en main. Certains ont fui sur le champ. “J’ai eu très peur à leur arrivée, raconte Bou Nan, 37 ans, qui habite le couloir d’un stupa avec ses deux enfants, parce que j’ai déjà été envoyée en centre de réhabilitation dans les mêmes conditions. Et je préfère errer en fantôme plutôt que d’être conduite dans cet endroit et d’y côtoyer des drogués.
Mais quand ils ont expliqué qu’ils étaient recenseurs, je me suis détendue.” En effet, la municipalité de Phnom Penh s’est donné deux jours pour recenser les vagabonds dans sept arrondissements de la ville. “Nous voulons relever le nombre de mendiants et sans-abri permanents en ville”, explique Khon Sear, vice-gouverneur de Phnom Penh avant de préciser que “cette mesure pourra les aider”.
En fin de matinée, les fonctionnaires municipaux envoyés au quartier Chey Chumnas de l’arrondissement Daun Penh avaient interrogé une cinquantaine de personnes selon le rapport fait au groupe de travail composé fonctionnaires des affaires sociales, d’ONG et de représentants du quartier. Pourtant les autorités de l’arrondissement estiment à plusieurs centaines le nombre de vagabonds sur leur zone. Ils soupçonnent que de nombreuses personnes se cachent à l’arrivée des recenseurs par peur d’être arrêtées. Sok Sophorn, 17 ans, a fui son village de Chak Angrès depuis deux ans à cause d’une mère alcoolique et violente. Elle n’était pas rassurée : “Je ne comprends pas à quoi sert ce recensement”, confie-t-elle. Pich Socheata, vice-gouverneur de Daun Penh, assure qu’il s’agit d’une enquête pour comprendre ce qui pousse les sans-abri à gagner Phnom Penh. “La plupart viennent de province, ajoute-t-elle. Ils sont cyclo-pousse, maçons, chiffonniers. Ils logent n’importe où pour faire des économies.” Aucun recensement précis ne semble avoir été réalisé jusqu’ici, selon Pich Socheata. La municipalité s’étant contentée de parquer les mendiants dans les centres de réhabilitation en périphérie de la ville. Les résultats de cette enquête sont attendus vendredi.
Nhim Sophal