Les épouses des Casques bleus attendent leurs salaires
29-06-2006
Cambodge Soir - Depuis le départ au mois d’avril des démineurs cambodgiens au Soudan, sous l’égide des Nations unies, leurs épouses n’ont toujours rien reçu des salaires de ces soldats, censés être versés sur des comptes au Cambodge pour faire vivre leurs familles.
Le 7 juillet, cela fera quatre mois précisément que le mari de Huon Sarorng, une jeune femme de 26 ans, mère d’un enfant, a quitté le Cambodge pour faire partie du premier contingent de casques bleus cambodgiens envoyés à l’étranger. Elle n’a rien touché depuis. “J’en ai encore parlé hier soir [mardi] à mon mari au téléphone et il n’en savait pas plus. Je n’ai pas osé demander aux responsables, ici...”, raconte la jeune maman. Son petit métier de vendeuse de vêtements au marché ne lui suffit pas pour gagner sa vie : elle a donc dû emprunter à des voisins. Et Huon Sarorng n’est pas dans la pire situation : d’autres épouses, qui ne travaillaient pas, ont dû contracter des dettes de 200 à 300 dollars. Ces femmes continuent à percevoir le salaire habituellement versé à leur mari par l’Etat cambodgien, mais ces faibles revenus ne peuvent plus être complétés par les activités et petits boulots annexes que pouvaient faire leurs époux, en plus de leur travail pour l’armée.
Cha Sitha, mère de sept enfants, a du mal à s’en sortir sans son mari. Tous ses enfants sont scolarisés et les 135 000 riels (33 dollars) de traitement mensuel versé par l’Etat cambodgien, que son mari complétait en travaillant ailleurs, ne suffisent pas à faire vivre sa famille. “A force de rogner sur les dépenses de nourriture, mon fils cadet est tombé malade. Il a dû être hospitalisé pendant deux semaines. Ce qui fait qu’aujourd’hui j’ai une dette de 300 dollars, avec des intérêts de 60 dollars par mois (pour un taux de 20 dollars mensuels pour 100 dollars empruntés)!”, explique-t-elle.
C’est donc peu de dire que ces femmes attendent avec impatience que soient versées les primes de l’Onu. “Nous vivons au jour le jour. Je viens encore d’aller demander à la banque s’il y avait du nouveau. Mais il n’y a rien”, déplore Uong Kuthea, mère de deux enfants.
Les 135 épouses des Casques bleus cambodgiens disposent chacune d’un compte à la Banque commerciale d’Outremer. Kol Thyda, responsable des transerts d’argent internationaux dans cet établissement affirme ne pas avoir non plus reçu d’informations sur ces versements. “Il est possible que cet argent soit versé via la Banque nationale”, se hasarde-t-elle. Une perpsective que rejette Tal Nay Im, directrice de la Banque nationale, selon qui ce type de versement se fait directement entre le client, la banque commerciale et les correspondants du pays concerné.
Le général Sen Sovanny, directeur général adjoint de l’unité militaire du génie et responsable des démineurs, fournit une réponse bien plus plausible à ces retards : l’Onu n’est censée verser ces primes que par tranches trimestrielles. Les 109 démineurs qui se sont envolés pour le Soudan le 15 avril ne toucheront leur argent qu’après le 15 juillet. En revanche, les 26 militaires cambodgiens qui ont quitté le pays un peu avant le gros des troupes devraient percevoir les primes à la fin du mois de juin ou au début du mois de juillet. “Je m’efforce de contacter quotidiennement les responsables de l’Onu pour faire avancer cette question”, affirme-t-il.
Selon Huon Sarorng, épouse de l’un des démineurs, les activités de déminage n’auraient pas encore débuté, d’après ce que lui a confié son mari au téléphone. Les soldats cambodgiens seraient encore en formation, dans un camp militaire, en attendant la fin de la saison des pluies.
Ros Dina
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