Les militants des deux bords partagés sur le projet d’alliance PSR-Funcinpec
03-08-2006
Cambodge Soir - Alors que les dirigeants du Funcinpec et du PSR se sont engagés dans de nouvelles palabres sur la reconstitution d’une éventuelle alliance, à l’issue pour l’heure des plus floues, les militants observent avec intérêt ce nouveau rebondissement. Côté Funcinpec, on n’oppose aucune réticence à faire renaître l’alliance passée, par deux fois rompue. Côté PSR, on affiche un ras-le-bol compréhensible après deux ruptures successives
“Deux fois, ça suffit, non? Il faudrait mieux se tourner vers le PPC”, suggère Chan Samœun, deuxième chef-adjoint PSR du quartier olympique. Et ce responsable local de poursuivre plus avant son raisonnement : “Si le président du PSR a aujourd’hui établi un dialogue avec le PPC, alors les militants de l’opposition n’ont plus à redouter des intimidations et peuvent dorénavant librement voter pour la formation de leur cœur”. Les membres de base de la formation de Sam Rainsy interrogés envoient tous le même message, à savoir qu’ils ne sont plus d’humeur à négocier quoi que ce soit avec le Funcinpec, qui les a selon eux trahis par le passé. Les blessures n’ont pas cicatrisé, et ils disent clairement ne plus vouloir entendre parler de la formation du prince Ranariddh. “Nos sympathisants nous ont fait savoir qu’ils ne voyaient pas d’un bon œil que le parti renoue l’alliance avec le Funcinpec. Je pense que si nous ne les écoutons pas, ils vont se détourner de nous aux prochaines élections”, redoute Theng Hœv, premier chef-adjoint du quartier O’Russey 1.
D’autres voix samrainsystes affirment vouloir au contraire faire confiance à leur chef de file et le laisser travailler. “On ne veut absolument pas d’une alliance avec le Funcinpec. Mais si elle devient à nouveau réalité, nous respecterons la décision de notre président qui fait toujours au mieux dans son travail. Parfois, nous les gens de la base, n’avons pas une aussi bonne connaissance de la situation pour juger ce qui est mieux pour le parti”, veut ainsi croire Touch Meng Sreang, chef du quartier de Bœung Salang.
Chez les militants funcinpec, la nouvelle même de ce projet n’est pas parvenue à toutes les oreilles. Et ceux qui sont informés, s’expriment sur le bout des lèvres, hésitant à dire s’ils soutiennent l’idée d’une nouvelle alliance. Peut-être ont-ils encore à l’esprit leur collaboration avec le PPC? Ils appellent néanmoins les leaders du Funcinpec et du PSR à réfléchir aux moyens de mettre sur pied une coalition “solide”, afin de ne pas répéter les erreurs du passé. “Je soutiens à 100% une telle alliance. Les deux n’auraient pas dû se séparer, cela a beaucoup contrarié leurs électeurs. Le PSR ne doit pas se montrer rancunier”, plaide Kleang Visal, deuxième chef-adjoint Funcinpec du quartier Phsar Dépôt 1, qui n’hésite pas à relever que les gens de son parti ne s’entendent pas toujours très bien avec ceux du PPC. “Je ne sais pas comment cela se passe au niveau des dirigeants mais à la base, notre collaboration n’a jamais eu aucun sens”, déplore-t-il sans ambages.
Selon Aok Socheat, conseiller du prince Ranariddh, et pour l’heure la voix du Funcinpec dans les négociations avec le PSR, les pourparlers vont s’étirer sur plusieurs rencontres, même si le comité directeur du PSR a annoncé mardi désapprouver ce projet. Pour lui, les deux partis n’ont d’autre choix que de faire équipe pour contrer le PPC, fort de 73 sièges à l’Assemblée contre 26 pour le Funcinpec et 24 pour le PSR.
Leang Delux