Sur les traces de Pol Pot au Cambodge
AP
Anlong Veng, Cambodge
La tombe de Pol Pot et les autres vestiges du régime khmer rouge attirent un nombre croissant de visiteurs au Cambodge, avec la création de véritables circuits touristiques sur les traces du génocide des années 1970. Un phénomène qui suscite des critiques, certains parlant de «tourisme noir» et de «parc à thème khmer rouge».
La dernière étape du circuit est Anlong Veng, dans le nord-ouest du Cambodge, ancien bastion des Khmers rouges et de leur leader, Pol Pot, décédé en 1998. Son régime communiste du Kampuchea démocratique est responsable de la mort d'1,7 million de Cambodgiens entre 1975 et 1979, victimes d'exécutions, de tortures, de la faim, du travail forcé ou encore de maladies.
L'actuel gouvernement cambodgien a ordonné la préservation des sites khmers rouges. Une quarantaine de maisons d'ex-dirigeants du régime vont être restaurées et un musée va être construit - les guides seront d'anciens soldats khmers.
«Pol Pot a été incinéré ici. Aidez nous s'il vous plaît à préserver ce site historique», lit-on sur une pancarte du ministère du Tourisme, près d'un petit monticule de terre surmonté d'un toit de métal rouillé. La hutte où il est mort a disparu. À trente mètres de là, des engins de terrassement creusent les fondations d'un centre de vacances financé par des capitaux sud-coréens, avec piscine. Quelques dizaines de mètres plus loin, un casino et un vaste marché accueilleront les visiteurs venus de Thaïlande.
L'ancien centre d'interrogatoires de Tuol Sleng, à Phnom Penh, et Choeung Ek, que l'on peut visiter pour l'équivalent de 2, figurent sur les itinéraires de presque tous les organisateurs de voyages au Cambodge. Ils espèrent attirer une grande partie des 1,6 million de touristes attendus au Cambodge cette année.
Anlong Veng, dont le déminage a été terminé récemment, est peut-être le dernier «musée vivant» de l'horreur. Nombreux, parmi les 26 000 habitants de la ville, sont d'anciens combattants ou responsables du régime. Son ancien commandant militaire Ta Mok, explicitement surnommé «Le Boucher», vivait là jusqu'à sa mort le mois dernier.
Youk Chhang, directeur du Centre de documentation sur le Cambodge, espère que des endroits comme Anlong Veng «ne deviendront pas des Disneyland». L'ancien roi du Cambodge, Norodom Sihanouk, n'apprécie pas que des ossements soient exposés pour «le plaisir des touristes».