Adoptions -
31-08-2006
31-08-2006
Cambodge Soir - Le gouvernement français a décidé d’autoriser à nouveau l’adoption par ses ressortissants d’enfants cambodgiens, une procédure qui était suspendue depuis juillet 2003. Un “protocole [...] sur la coordination des procédures de demandes d’adoption auprès des autorités cambodgiennes et des demandes ultérieures de visas pour les enfants” a été signé le 8 juin dernier entre les ministres français et cambodgien des Affaires étrangères.
Un “progrès important”, est-il précisé sur le site internet de la diplomatie française, “qui va permettre une réouverture progressive et sécurisée des adoptions au Cambodge”. Si la France, est-il encore expliqué, “est le premier des grands pays adoptants à s’engager dans cette voie”, cet accord s’inscrit “dans la perspective, souhaitée par les deux ministres, de l’adhésion prochaine du Cambodge à la Convention de La Haye sur la protection des enfants et la coopération en matière d’adoption internationale de 1993”.
Pour l’heure, le site officiel du Quai d’Orsay n’indique pas quels sont les organismes autorisés pour l’adoption, outre l’Agence française de l’adoption*, ni à partir de quelle date le dépôt des dossiers sera possible. Le ministre des Affaires étrangères Philippe Douste-Blazy s’est engagé, confie-t-il ce mois-ci au magazine français Marie-Claire, “à ce que les premiers enfants [adoptés par des Français] quittent le Cambodge début 2007”. Dans cet entretien, il précise que “dans un premier temps” seulement une cinquantaine d’enfants seront autorisés à l’adoption, et qu’à ce jour “un seul organisme agréé pour l’adoption a manifesté sa disposition à œuvrer au Cambodge”.
Ce nouvel accord inaugure un changement dans la règle du jeu, à savoir l’interdiction dorénavant des adoptions individuelles. Les adoptants seront invités à se rendre au Cambodge par les autorités du pays et l’organisme intermédiaire retenu pour l’adoption “qu’après avoir reçu et accepté une proposition d’enfant”, stipule le communiqué du ministère des Affaires étrangères. Autre nouveauté, l’Organisme agréé pour l’adoption disposera dorénavant d’un correspondant sur place et “il est prévu qu’un ‘référent adoption’ soit nommé à l’ambassade de France à Phnom Penh”, détaille le ministre.
Ces nouveaux aménagements ne convainquent cependant pas la Ligue des droits de l’Homme du Cambodge (Licadho), qui juge qu’une reprise des adoptions d’enfants cambodgiens “sans réelle volonté politique et réformes majeures par le gouvernement cambodgien et les ministères concernés par la procédure d'adoption, risque d'encourager les pratiques contraires à l'éthique et illégales qui ont déjà eu cours par le passé”. Même si la loi sur l’adoption doit être prochainement examinée par le Conseil des ministres et que le royaume s’apprête à signer la Convention de La Haye, la Licadho dit constater avec inquiétude “que rien n’a à ce jour changé en termes de protection et de procédures conduisant à l’adoption d’enfants cambodgiens”. “Il y a un minimum de précautions à prendre avant d’ouvrir à nouveau l’adoption à tout vent, insiste Naly Pilorge, directrice de la Licadho. Cela peut commencer par la constitution d’une banque de données centrale par le ministère des Affaires sociales qui ferait le point sur la situation des enfants pris en charge par les orphelinats du pays, publics comme privés. Une structure chargée d’examiner les dossiers des enfants confiés à l’adoption ainsi que leurs antécédents pourrait parallèlement être mise sur pied. Il faudrait également promouvoir un système qui sélectionne les parents en fonction des besoins des enfants prêts à être adoptés et non le contraire comme c’est le cas actuellement. Et envisager l’adoption seulement quand n’existe aucune autre alternative. Il faut avant tout encourager les mères biologiques à conserver leurs bébés et favoriser l’adoption d’enfants cambodgiens par des Cambodgiens.” Les soupçons de fraude concernant l’adoption au Cambodge n’étant pas levés, estime Naly Pilorge, il est nécessaire “de renforcer les enquêtes portant sur les personnes qui organisent des trafics d’enfants en vue de les proposer à l’adoption internationale, et de les poursuivre en justice”.
SG