Le ministre des Affaires étrangères et vice-Premier ministre Hor Namhong, officiellement informé mercredi que la Finlande avait accordé un visa à l'ancien commissaire municipal Héng Peouv, a vivement critiqué Helsinki lors d'une conférence de presse jeudi. Le ministre a également écrit à son homologue finlandais pour lui faire part de sa "consternation" et lui demander de "reconsidérer sa décision". "Aujourd'hui, au Cambodge, il y a de nombreux criminels, condamnés en vertu du code pénal, qui purgent leur peine en prison. Si la Finlande souhaite prendre soin d'eux, le Cambodge serait très heureux de les envoyer en Finlande. Une fois arrivés, ces criminels diffuseront des informations diffamatoires contre le gouvernement royal du Cambodge exactement comme l'ont fait Sok Yoeun [condamné en 1998 pour une tentative d'assassinat contre Hun Sèn, aujourd'hui en Finlande] et Héng Poeuv", écrit Hor Namhong sur un ton flirtant avec les confins de la diplomatie. Le ministre, qui a envoyé son courrier à ses homologues malaisien et singapourien, y a joint une copie de la note rouge d'Interpol et des sept mandats d'arrêt visant Héng Peou ( deux meurtres, deux tentatives de meurtre, un kidnapping, une pour détention illégale, et une autre pour détention et usage illégal d'armes) ainsi qu'un descriptif des affaires pour lesquelles il est poursuivi et de cette du meurtre du juge Sok Séthamony pour lequel il a été condamné à 18 ans de prison par la justice cambodgienne.
Devant la presse, jeudi, le ministre a à nouveau interpellé Helsinki, sur un ton tout aussi ironique et encore moins diplomatique. "Nous sommes très surpris par la décision du gouvernement finlandais, car Héng Peouv a commis de nombreux crimes. Malgré des preuves claires, la Finlande a décidé d'accueillir Héng Peou. C'est la deuxième fois que ce pays accueille un criminel cambodgien après Sok Yoeun qui avait tiré une roquette sur le convoi du Premier ministre à Siemreap. On dirait que tous les criminels qui diffament le gouvernement cambodgien et ses dirigeants depuis l'étranger sont considérés comme des héros et reçoivent l'asile politique". Pour le ministre, le cas Héng Poeuv n'a rien à voir avec la politique ou les droits de l'Homme. Elle se résume à l'histoire d'un policier qui a profité de sa position pour arrêter des gens, commettre des kidnappings ou des meurtres. Il a dit espérer que sa lettre sera prise en compte par la justice malaisienne, qui réfléchit toujours au sort de Héng Peouv, arrêté le 3 octobre pour dépassement de visa. Selon lui, l'issue de cette affaire est toujours ouverte et trois possibilités s'offrent : soit Heng Peouv est renvoyé au Cambodge, soit à Singapour, soit dans un pays tiers, qui serait donc la Finlande.
AKP