Le prix du brut pompe la Thaïlande

Le prix du brut pompe la Thaïlande

Le prix de l’or noir ne cesse d’augmenter sur les différentes places internationales. La Thaïlande, pays importateur, en paye le prix cher. Analyse…


Les prix à la pompe ont rallumé l'inflation (photo AFP)

La crise asiatique de 1997 est désormais derrière et la Thaïlande renoue avec des taux de croissance dignes des années miracles (6,1% en 2004). De fait, sa croissance est fortement consommatrice en énergie du fait de plusieurs facteurs : urbanisation, boom des transports, programme d’électrification… Or, la facture pétrolière du pays explose aujourd’hui sous la pression de la forte hausse mondiale des cours du brut, et met à mal les comptes budgétaires et les prévisions de croissance du pays. La flambée des cours du brut a des conséquences sur les prix à la consommation. Ainsi, l’inflation a ainsi atteint son niveau le plus haut depuis 7 ans avec un taux de 6,2 % a indiqué le ministère du Commerce thaïlandais.
Les grands acteurs du marché (USA, Europe, Chine, Inde) sont dans une phase de sécurisation et cherchent à diversifier leurs approvisionnements en pétrole. Mais, la Thaïlande, pays émergent, ne pèse pas lourd sur l’échiquier pétrolier mondial. Elle sera, en conséquence, fortement concernée par les problèmes d’approvisionnement en or noir.
Le pétrole occupe 8% du PIB de la Thaïlande...
De plus, les pays en voie de développement sont beaucoup plus exposés aux fluctuations du prix du pétrole. Selon l’Agence Internationale de l’Energie, il faut à la Thaïlande 137% d’énergie de plus que les pays de l’OCDE pour produire un point de PIB ! L'Asie est la région du monde où le poids des importations de pétrole brut dans le PIB est le plus élevé, il dépasse les 8% du PIB en Thaïlande.
Le taux d’indépendance énergétique (ratio énergie produite/énergie consommée) de la Thaïlande est seulement de 45%. La principale ressource énergétique de la Thaïlande est constituée par le gaz naturel qui représente 40% de la production d’énergie primaire. Des gisements de gaz naturel et des champs de pétrole ont été localisés. Leur exploitation offshore est en plein développement, mais le pays reste importateur net de pétrole.
...et 13% des importations du pays
Ainsi, les approvisionnements extérieurs lui fournissent ainsi 87% de ses besoins. L’or noir représente même 13 % des importations totales du pays. La consommation finale d'énergie (52 millions de tonnes équivalent pétrole en 2004), se répartit entre le secteur des transports (37%) et de l'industrie (36%) et de manière moindre sur les secteurs résidentiels et commerciaux (21%) et agricole (6%).
Pour atténuer les conséquences de cette hausse des prix du pétrole, le gouvernement de Thaksin a mis en place un système de subventions en janvier 2004. Mais le système sera difficile à prolonger car il a englouti dans l’affaire la bagatelle de 84,7 milliards de Bahts (1,7 milliard d’euros) seulement en 2004 ! Le programme n’a eu aucun effet limitatif sur la consommation d’essence et le gouvernement menace même d’imposer des quotas aux pompes.
Le gouvernement thaïlandais devra donc développer des solutions alternatives pour son approvisionnement en énergie. Il a d’ores et déjà lancé un programme pilote d'utilisation en mélangeant à l'essence différentes matières premières, telles que les mélasses ou le manioc.
Thibaut Devemy. (LPJ) 16 novembre 2005