L’attitude de Sam Rainsy surprend ses militants

L’attitude de Sam Rainsy surprend ses militants

08-02-2006
Cambodge Soir - Les regrets exprimés par Sam Rainsy à l’adresse du Premier ministre dans un courrier lu vendredi soir sur les chaînes de télé ont surpris plus d’un de ses partisans. Dans sa lettre, le leader d’opposition se repent, parle de s’être “mal comporté” et d’avoir lancé injustement des accusations contre Hun Sen. Des paroles qui se veulent accommodantes et qui ont “guéri les blessures” du chef du gouvernement, selon les propres mots de ce dernier.
Cette fin de crise rapide suscite des réactions mitigées parmi les supporters du PSR. Les uns ont apprécié le geste de Sam Rainsy, les autres ont critiqué sa trop grande souplesse à l’égard de Hun Sen. Lundi, celui-ci glissait au cours d’un discours que “certains responsables du PSR” n’étaient pas contents de l’attitude de Sam Rainsy. “Pour eux, c’est comme si leur chef marchait nu dans les rues de Phnom Penh en ayant choisi de revenir sur les accusations qu’il porte depuis des années contre moi”, ajoutait-il. Et le Premier ministre de s’empresser de défendre le comportement de son opposant politique. “Ceux qui critiquent leurs dirigeants doivent bien réfléchir. Quand vous cassez un objet qui appartient à quelqu’un, vous devez le réparer”, a-t-il ainsi lancé.
Le député PSR Yim Sovann dit se ranger à l’avis de la majorité, “pour respecter le jeu démocratique”. “En ce qui me concerne, je soutiens Sam Rainsy car son geste est une bonne chose pour le pays”, affirme l’élu. Sok Raty, chef adjoint du PSR du quartier de Phsar Chas, estime aussi que ce revirement était nécessaire “pour les besoins de la construction du pays”. “Si on se divise, on signe notre arrêt de mort”, déclare-t-il, ajoutant que la lettre du président du PSR est cependant mal passée chez les membres de la base du parti. Touch Meng Sreang, chef du quartier de Bœung Sa-Lang, se dit ainsi choqué par les mots de son président, mais veut croire que c’était la seule chose à faire. “Nous faisons un grand pas en arrière pour en faire plusieurs en avant”, se persuade-t-il.

Interrogé sur le tournant amorcé dans sa stratégie politique, Sam Rainsy expliquait ce week-end depuis Paris qu’il avait mûri cette décision au terme de “longues consultations avec ses collègues”. “Ce n’est pas une décision prise à la légère, mais collégiale. Et les relais existent dans le parti qui vont répercuter ces messages auprès des militants. Jusque-là, mes collègues me rapportent que 97% de la base du parti comprend et soutient ces choix.”

Ky Soklim