Deux Français appellent à parrainer des survivants de Kho Phi Phi Par Laurence BOUTREUX
PARIS, 26 jan 2005 (AFP) - Deux Français ont créé des fondations pour parrainer des survivants de Kho Phi Phi («Kho Pee Pee» en thaïlandais), îlot du sud de la Thaïlande où l'un a perdu sa femme et l'autre des amis, emportés il y a un mois par les tsunamis.
«Phi Phi, c'est l'île que l'on voyait en photos sur toutes les campagnes d'affichage pour le tourisme en Thaïlande», a rappelé jeudi à Paris Henri Bru, reporter au quotidien sportif L'Equipe, dont l'épouse thaïlandaise est portée disparue et qui vivait trois mois par an à Phi Phi où il possédait deux commerces.
Le tsunami a rasé le village touristique de Phi Phi Don, où 900 corps ont été retrouvés tandis que 1.000 touristes ou villageois ont disparu: «Il reste 70.000 tonnes de gravats et deux hôtels en béton», précise Henri, au côté de son ami Angelo Rasamimanana, habitant l'île depuis 1987.
L'un possédait le «Jungle bar» et le restaurant «le Grand Bleu», l'autre le «Mama resto». «Nous sommes d'ex-concurrents. Maintenant, nous en sommes au même point, tout a été ratiboisé», plaisante Henri.
Après les raz-de-marée, il s'est soucié de ses employés, 21 survivants sur 24. «Mais j'ai été dépassé par l'afflux des dons venus de France», dit-il.
Ses confrères de l'Equipe se sont engagés à verser une heure de salaire par mois pendant un an. A Toulouse, l'association Aree -du nom de son épouse- a récolté 30.000 euros. Alors Henri a monté une fondation, «administrée par des Thaïlandais, pour des Thaïlandais».\( Quant à Angelo, il a créé l'association «Phi Phi, relève-toi» (www.phiphi-releve-toi.com) pour financer des familles prenant en charge des orphelins, aider au relogement de sinistrés ou préparer le retour des villageois dispersés dans les îles voisines.
«Il faut passer d'une aide d'urgence, émotionnelle, à un parrainage de raison», dit Henri qui ne s'apesantit pas sur la disparition de sa femme.
«Le gouvernement a versé une indemnité de 600 à 1.200 euros pour chaque disparu», relève Angelo. Mais «seuls des financements privés peuvent aider à relancer des activités privées». «Bien sûr, les fonds ne serviront pas à relancer nos affaires», dit Henri.
Angelo dessine le portrait-type d'une famille de Phi Phi: «Le père avait une pirogue à moteur, avec laquelle il pêchait le soir ou la nuit. Le jour, un fils s'en servait pour emmener les touristes en promenade. La mère s'occupait du foyer, vendait éventuellement des beignets et du poulet grillé, tandis qu'une fille travaillait dans les bungalows ou gardait des transats...»
L'île reste fermée au tourisme même si six ou sept hôtels de luxe, quasiment pas endommagés au nord-est, se montrent pressés de rouvrir, selon Angelo.
«Revenez en Thaïlande», lance Henri, en invitant les touristes à «ne pas avoir de scrupules». «La meilleure aide humanitaire, c'est de retourner là-bas».