Mini-Tornade - Les photos de "l’apparition du naga" s’arrachent sur les quais
31-08-2006
Cambodge Soir - La mini-tornade qui s’est formée mardi vers 13 heures au confluent du Mékong et du Tonlé Bassac, dans laquelle certains affirment avoir vu le corps d’un naga descendu du ciel pour s’abreuver dans le fleuve, continue de susciter l’intérêt des phnompenhois. Les badauds qui ont assisté à la scène et réussi à immortaliser sur la pellicule ce phénomène atmosphérique vendaient le soir même sur les quais leurs photos au prix d’un dollar. Un tarif revu hier à la baisse, la photo se négociant alors à mille riels.
En file indienne, une quarantaine de vendeurs ont tout au long de la journée d’hier écoulé leurs stocks de photos à des passants avertis. Ce point de vente improvisé a drainé une population plus dense qu’à l’habitude sur le quai Sisowath. Pas besoin pour eux de héler les conducteurs, les mains se tendaient spontanément vers eux. Les clients se voyaient proposer le choix entre deux types de photos : celles, vraies, de la mini-tornade prises par différents amateurs sur place au moment de son apparition, et celle, truquée, d’un amas nuageux brunâtre se détachant d’un ciel bleu indigo tout à fait improbable et qui figure un Bouddha assis, en méditation, avec un visage aux traits assez nets pour être douteux. Les vendeurs expliquent avec sérieux que ce cliché, vendu plus cher, a été pris après le passage du naga... alors que le temps a été à la pluie jusqu’au soir. Un seul de ces marchands improvisés interrogés a osé avouer qu’il s’agissait là d’une supercherie.
Il semblerait que plusieurs milliers de photos, présentées comme la manifestation de la divinité aquatique, aient déjà trouvé acquéreur. Des photos-souvenirs qui laissaient rêveurs les passants, qui ne détachaient pas leur regard du ciel dans l’espoir d’assister à une deuxième apparition du naga. D’autres, plus sceptiques, tentaient de reconnaître la scène de ce phénomène surnaturel. Face à ces derniers, certains des vendeurs n’hésitaient pas, en signe de leur bonne foi, à exhiber les négatifs de leurs photos.
“Nous nous faisons peu d’argent avec ces photos. Les grands gagnants, ce sont les boutiques de développement photo! On leur a apporté nos pellicules et ils en ont profité pour faire des tirages pour eux qu’ils ont confiés à des enfants pour les vendre dans la rue”, dénonce l’un des photographes amateurs. Les plus intéressés, selon l’un d’eux, sont les jeunes. “Pour eux, cela relève du surnaturel et ils veulent étudier attentivement l’image”, explique-t-il, refusant de se prononcer sur la nature de ce phénomène. “C’est bizarre, je n’ai jamais rien vu de tel! Je veux en garder un souvenir pour montrer aux prochaines générations”, explique, tout à son enthousiasme, un jeune étudiant. Un passant sourit en entendant les interprétations fantasques données à la mini-tornade mais, comme les autres, il achète sa photo. “C’est parce que ma famille m’a demandé d’en acheter une...”
KS et DS
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